Entretien avec Christophe Ghristi - Théâtre du Capitole -
8 septembre 2020
« Mozart, le plus efficace des vaccins ! »
Alors que le vaisseau amiral de la culture toulousaine vient de connaître sa plus longue fermeture, si l’on excepte celle consécutive aux derniers travaux, contre vents et marées et Covid 19, le Théâtre du Capitole s’apprête à rouvrir ses portes, pour le plus grand plaisir bien sûr des mélomanes. Ce sera avec le Cosi fan tutte mozartien. A quelques jours de cet événement, nous avons voulu faire le point avec son directeur artistique Christophe Ghristi. Finalement de quoi nous mettre du baume au cœur.
Classictoulouse : Comment avez-vous passé les six derniers mois ? Vos interrogations, vos peurs peut-être aussi, une activité professionnelle compliquée…, vos espoirs.
Christophe Ghristi : J’ai passé les 6 derniers mois à travailler. La situation était et est toujours extrêmement compliquée : annulations, dédits, reports… Avec notre administration, nous avons vécu une situation inédite, sans cesse changeante et incertaine, demandant de nouvelles adaptations et des solutions exceptionnelles. Côté public, nous avons dû procéder à des milliers de remboursements, tout en lançant une nouvelle saison. Enfin, au mois de juin, alors que la possibilité de jouer Les Pêcheurs de perles de Bizet prévus à la rentrée devenait de plus en plus incertaine, nous avons décidé de mettre toutes les chances de notre côté et de jouer à la place le Cosi fan tutte de Mozart. Pas de chœur sur scène, moins de musiciens dans la fosse… Mais aussi un nouveau décor donc de nouvelles études à réaliser de toute urgence. A ces changements, la maison a toujours réagi avec la plus grande envie et détermination. Je suis fier de leur professionnalisme et de leur passion pour le théâtre.
Christophe Ghristi - Photo Pierre Béteille -
: Nous voilà à quelques semaines de l’ouverture de la saison 2020/2021 avec un opéra qui n’était donc pas prévu. Aujourd’hui les répétitions ont commencé. On imagine qu’elles ont un caractère psychologique un peu spécial.
ChG : En effet, les répétitions ont commencé. Elles se font dans la joie, l’envie, le bonheur des retrouvailles. Bien sûr, la peur que quelque chose d’inconnu nous tombe sur la tête est là en permanence. Mais elle incite chacun à la plus grande prudence. Et puis il y a Mozart, le plus efficace des vaccins ! Il l’est pour nos artistes et je pense qu’il le sera pour notre public. C’est une source jaillissante de vie.
: Les quatorzaines qui s’installent dans le monde bousculent-elles d’ores et déjà vos castings ? Etes-vous dans l’obligation d’imaginer des plans B pour l’ensemble de votre saison ?
ChG : Pour l’instant, les quatorzaines ne nous ont pas gravement affectés. Après Les Pêcheurs, nous avions déjà prévu Le Viol de Lucrèce de Benjamin Britten, opéra de chambre parfaitement adapté à cette époque Covid. C’est un coup de chance. Nous avons également changé le programme du ballet pour Noël.
: Quelle a été l’activité artistique de vos phalanges, chœur et ballet, durant cette période ?
ChG : Ensemble, nous avons attendu et travaillé. Chacun s’entraînait chez soi. Fin juin, l’orchestre a donné plusieurs concerts à la Halle aux Grains. Et au Théâtre, nous avons rendu hommage à Mady Mesplé. Ce jour-là le Chœur du Capitole a chanté un Requiem de Fauré absolument merveilleux et bouleversant, inoubliable. C’était le meilleur bulletin de santé possible.
: Le Théâtre du Capitole se remet en marche depuis cette fin août. Dans quel « état » le retrouvez-vous ?
ChG : La maison est en pleine forme, avec l’envie de jouer. Cap sur le 25 septembre ! Nous n’attendons plus que le public. J’espère qu’il retrouvera vite le plaisir et l’envie de rentrer dans un théâtre. Plus que jamais nous voulons travailler pour lui et pour son bonheur.
: Pensez-vous que des lignes dures de l’univers lyrique aient bougé ? En quoi les lendemains de l’opéra pourraient-ils avoir changé?
ChG : Toulouse Métropole et l’Etat nous ont assuré de leur soutien et je les en remercie. Nous pouvons envisager l’avenir et c’est déjà une grande chance. Des structures plus fragiles ne résisteront peut-être pas. En même temps, c’est dans ces moments que l’on voit l’importance d’une grande institution solide et forte, capable de maintenir son activité et de rester ouverte à tous. Le confinement a prouvé le besoin de culture de nos concitoyens et, quand même, la limite de nos écrans domestiques. Le spectacle vivant va commencer à revivre et c’est un grand soulagement.
Propos recueillis par Robert Pénavayre le 8 septembre 2020
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