Entretien avec Marie-Laure Garnier - Théâtre du Capitole - 19/01/2018
Entretien avec Marie-Laure Garnier
Cette jeune cantatrice française va faire ses débuts sur la scène du Capitole dans les reprises de La Walkyrie de Richard Wagner. Mais, entre deux représentations, Christophe Ghristi lui a proposé un récital dans le cadre des Midis du Capitole, le 1 février 2018 à 12h30. Accompagnée par Robert Gonnella, elle va interpréter des mélodies et des airs d’opéras de Jules Massenet extraits du Cid et d’Hérodiade. Auparavant, Classictoulouse l’a rencontrée.
Classictoulouse : Dans un premier temps expliquez-nous comment vous avez croisé le monde de l’opéra ?
Marie-Laure Garnier : En fait cela s’est passé en plusieurs étapes. Je ne suis pas issue d’une famille de musiciens mais de mélomanes. Par contre, nos parents nous ont donné, à ma sœur aînée et à moi-même, l’occasion, la chance, de pratiquer un instrument. Mon goût s’est porté sur la flûte mais aussi sur les percussions traditionnelles de ma Guyane natale. De fil en aiguille, à 14 ans je quitte le foyer familial pour intégrer le Conservatoire de Paris car je souhaite alors devenir une musicienne professionnelle. Et c’est dans ce bouillonnement de musique que je croise le chant. A 16 ans je débute dans le cadre de la Maîtrise de Paris. Très rapidement après j’intègre le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Et là c’est le choc ! Je découvre, en même temps ce que peut être la vie d’une chanteuse professionnelle, et ma voix en évolution progressive, avec l’appui de mon professeur Malcolm Walker. Il m’a appris en plus et peut-être surtout qu’il ne peut être question d’être seulement une chanteuse, il faut être une artiste. Sept merveilleuses années vont ainsi s’écouler à étudier et à conscientiser de ce qui m’attend.
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Puis arrive le moment de faire le saut vers la vraie vie. Et mon grand bonheur, alors que je viens juste d’avoir 27 ans, est de faire mes débuts au Théâtre du Capitole.
M.-L. G. : Je pense que je suis un grand lyrique mais en fait je n’ai pas trop envie d’être mise dans une catégorie. Certes j’ai déjà chanté Tosca mais, faut-il que je précise, avec une formation musicale chambriste et avec d’autres jeunes chanteurs. Si vous me demandez le rôle qui me fait rêver, c’est bien sûr celui de Carmen. Je ne pense pas en réalité le chanter jamais mais il y a tellement de manières de l’interpréter en termes de tempérament et de liberté et ce rôle me correspond.
: Avez-vous des artistes « référence » ?
M.-L. G. : Sans hésiter Jessie Norman pour sa voix bien sûr mais aussi son parcours. Elle a ce talent incroyable d’être en communion avec son public avec une telle sobriété. Ma rencontre avec Véronique Gens fut aussi magique. Elle aussi pose la question essentielle : qu’avons-nous à dire et comment ?
: Quelle est votre réflexion concernant les troupes lyriques que nous trouvons en Allemagne par exemple ?
M.-L. G. : Elles offrent du travail et l’on peut énormément apprendre dans ce cadre-là. Je dois dire que j’ai envisagé la chose mais ne suis pas totalement prête pour cette expérience, même si j’en reconnais tous les atouts.
: Votre répertoire ?
M.-L. G. : Aujourd’hui c’est avant tout un répertoire de lieder et mélodies, avec un intérêt particulier pour la mélodie française. Mais pas seulement. Au niveau lyrique, ma participation aux reprises de Walkyrie au Théâtre du Capitole constitue mes véritables débuts lyriques. Je pense revenir dès la saison prochaine dans cette maison. Ce qui est un grand honneur pour moi.
: Dans l’état actuel de votre voix, pour quels rôles de premier plan vous sentez-vous prête ?
M.-L. G. : Ma réponse va être un brin ambitieuse, je le sais, mais pourquoi pas l’Armide et l’Iphigénie de Gluck, Tosca bien sûr, les héroïnes de Massenet plus tard. Ce qu’il ne faut jamais perdre de vue c’est de garder une bonne condition physique, une qualité d’émission, l’homogénéité, la souplesse et la rondeur de la voix. Ce sont des fondamentaux indispensables à la survie vocale. Après il faut bien étudier les rôles qui nous sont proposés… Chacun gère son instrument de façon singulière. Mais il nous faut travailler en permanence, prendre soin de notre instrument. Je voudrais ajouter que depuis de longues années j’étudie le rôle de la Comtesse des Noces de Figaro de Mozart, je ne sais pas si un jour je le chanterais mais le travail que cela me demande m’a permis de progresser techniquement, et me permet de mieux défendre le répertoire que je chante. En effet, la discipline mozartienne est riche d’enseignements. Quant à l’univers wagnérien que je découvre ici professionnellement, il me laisse pleine d’espérance… Elsa est un rôle que j’envisage de travailler prochainement.
: Et en dehors du chant ?
M.-L. G. : Je suis chef de chœur. Depuis toujours je suis passionnée du chant choral. J’ai créé à Paris, où je vis, une chorale de Gospel amateur. J’aime le rapport à la musique dans ce cadre-là, et m’émerveille sans cesse de la qualité des liens qui se tissent entre choristes, par le biais du chant.
Propos recueillis par Robert Pénavayre le 19 janvier 2018
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