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DVD/ La Belle au bois dormant – Piotr Ilitch Tchaïkovski - Rudolf Noureev
Scala de Milan |
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La « Belle », le ballet des ballets (Rudolf Noureev)
Piotr Ilitch Tchaïkovski fut, sans être révolutionnaire, un musicien d’exception, chacun le reconnaît aujourd’hui. Mais son succès auprès du public le plus large aurait-il été le même sans la musique des trois ballets qu’il composa entre 1875 et 1892, à savoir : Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant et Casse-Noisette ? Ceci personne ne peut l’affirmer tant ces compositions sont autant dans la tête de tout ballettomane que dans celle de chaque mélomane. Car, à l’évidence, assister à l’un de ces trois ballets accompagnés en direct par un orchestre c’est aussi bien assister à un fastueux concert.
Cette Belle au bois dormant qui nous occupe aujourd’hui nous vient de la Scala de Milan, un théâtre connu certes pour sa tradition lyrique mais qui abrite également une compagnie de ballet de tout premier plan, à l’image de celles de Paris, de Londres et de Vienne. C’est en 1966 que la légende Noureev propose à la Scala sa première « Belle », une chorégraphie inspirée des origines, celle de Marius Petipa. En 1993 et avec la participation pour les décors et costumes cette fois de Franca Squarciapino, Rudolf Noureev présente une nouvelle version de ce ballet. C’est celle –ci qui vient d’être reprise à la Scala en 2019 et a fait l’objet de la présente captation vidéo. Tout n’est ici que splendeurs, des toiles peintes aux costumes, des éclairages aux maquillages, les yeux ne savent plus où se porter. D’autant que, si l’on excepte un orchestre pourtant virtuose ici malmené, tout comme la partition d’ailleurs, par le chef russe Felix Korobov, la compagnie scaligère est ici à son meilleur. Un Corps de ballet exceptionnel de discipline enchâsse des solistes de tout premier plan. |
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Il en est ainsi, mais il est difficile de tous les citer, plus particulièrement de L’Oiseau bleu de Claudio Coviello, qui vient d’être promu depuis quelques jours Premier danseur de cette troupe. Ce soir-là il est sidérant de dynamisme, de musicalité, de virtuosité. Le public ne s’y est pas trompé et, malgré la courte durée de son intervention, son Pas de deux ne dure que huit minutes, lui a réservé au salut final au authentique triomphe mérité. Soulignons aussi les moments intensément toxiques que sait créer la Carabosse de Beatrice Carbone. Mais bien sûr arrivons sans tarder à la Princesse Aurore et à Désiré. C’est la Moscovite Polina Semionova qui s’empare de ce rôle qui a tant fait rêver sous la plume de Perrault, des Frères Grimm ou de Disney des générations de petites filles. Entre mannequinat, promotion de parfum, cinéma et, tout de même, danse, cette ballerine mène une carrière, rare, d’une totale liberté.
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Pour l’heure elle incarne une Princesse d’une ébouriffante technicité, aux pointes d’acier, aux équilibres parfaits. Radieuse et mutine à la fois, elle franchit les pièges, nombreux, d’une grammaire chorégraphique réclamant l’absolu, avec une sérénité apparente sidérante. A ses côtés l’Etoile milanaise Timofej Andrijashenko, letton de naissance, domine de toute la hauteur d’un art qu’il possède à la perfection le rôle de Désiré. L’ex-danseuse étoile de l’Opéra de Paris, Florence Clerc, à laquelle incombait le soin de remonter cette chorégraphie, a ajouté, après le jeu de colin-maillard du deuxième acte, la Variation du Prince sur l’Intermezzo pour violon solo. C’est l’occasion rêvée de découvrir l’étendu du talent de Timofej Andrijashenko. Entrechats, manèges, élévations, tout tient du prodige, sans oublier l’élégance et l’intensité dramatique autant que musicale. Nous l’avions découvert en 2016 au Festival de Peralada, aux côtés, excusez du peu, de Roberto Bolle. Et c’est la même stupéfaction ici tant il paraît inhumain de pouvoir cocher ainsi toutes les cases d’un art aussi exigeant.
A voir et, c’est sûr, à revoir en boucle !
Robert Pénavayre
Article mis en ligne le 4 janvier 2021
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« La Belle au bois dormant » - Piotr Ilitch Tchaïkovski – Rudolf Noureev – Scala de Milan – 2 DVDs – C Major
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