Sur la thématique du compte à rebours (contre la mort), Willy Decker crée un espace simple, blanc,une sorte d’arène dans laquelle, sous le regard de bourgeois décadents, Violetta va marcher inexorablement vers sa mort, essayant vainement d’arrêter les aiguilles d’une immense horloge qui sera souvent le seul élément de cet impressionnant décor. Il y aurait beaucoup à écrire sur le travail dramaturgique de Willy Decker, un travail qui atomise cette œuvre pour la rendre non seulement plus actuelle, mais aussi plus puissante, plus impressionnante, plus humaine, plus lisible et presque plus…cohérente. Il faut dire aussi que ce metteur en scène disposait d’un trio d’acteurs comme il en existe peu sur les scènes lyriques.
Et tout d’abord Anna Netrebko. Présente quasiment en permanence sur scène, elle incarne avec une force incroyable une nouvelle Traviata, d’une plastique à couper le souffle, véritable tragédienne, cantatrice exceptionnelle captivant autant par le timbre velouté de sa voix que par sa stupéfiante science bel cantiste. Quel tempérament ! Le grand art !
A ses côtés, rien moins que Rolando Villazon dans le rôle d’Alfredo, un Alfredo ardent jusqu’à la démesure mais ô combien émouvant. Quant à Thomas Hampson en Germont, si ce n’est pas du luxe, ce n’en est pas loin.
Et dans la fosse, la Philharmonie de Vienne dirigée par Carlo Rizzi. Grandiose !
En bonus, le traditionnel making of avec, au passage, une discussion « serrée » entre Hampson et Decker qui donne le ton du travail accompli.
A voir de toute urgence !
Robert Pénavayre
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