En effet, aucun des immenses compositeurs de quatuors à cordes qui ont succédé à Beethoven (Schubert, Schumann, Brahms) n’ont prolongé l’imagination, l’audace, la force inextinguible des 16 partitions consacrées par Beethoven à cette formation. Le premier des quatuors de Bartók résonne précisément comme un adieu au romantisme moribond. Et jusqu’au 6ème, l’originalité, la force, le caractère d’une écriture dramatique et serrée ne cesse de progresser vers une ascèse impressionnante. Après ses glorieux aînés, le jeune Quatuor Belcea s’empare à son tour de cette intégrale. Les quatre artistes (deux femmes, deux hommes) qui le composent abordent sans complexe ce monde d’introversion. Ils en soulignent avec intelligence et sensibilité les particularités et les audaces. Techniquement irréprochable, cette nouvelle version apporte une chaleur et une conviction qui font chaud au cœur.
Serge Chauzy |